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qu’eussent justifiée son savoir et son talent. Mais le docteur Flaubert épousa la filleule de son nouveau chef, et resta en Normandie.

Caroline Fleuriot était originaire de Pont-l’Évêque, et son fils s’en souviendra plus tard quand il écrira Un Cœur simple. « Elle descendait par sa mère d’une très vieille famille de la Basse-Normandie, les Cambremer de Croixmare, famille de soldats et de conquistadores, dont on retrouve des ancêtres jusque chez les Normands de Sicile[1] ». Flaubert se plaisait à raconter qu’un de ses ancêtres prit part à la découverte du Canada. Toute sa vie, il fut un gentilhomme dans ses goûts et ses vertus, un aristocrate dans son idéal artistique, un conquérant dans ses batailles avec le Verbe.

Nous avons peu de renseignements sur la ligne paternelle, et nous savons seulement qu’elle a fourni à l’École d’Alfort d’éminents professeurs. Quant au nom de Flaubert, il est essentiellement de Champagne. Dans le catalogue des saints de l’Art de vérifier les dates, figure Frobert ou Flobert (Frodobertus), premier abbé de Moutier-la-Celle, près de Troyes, vers l’an 652. Au surplus, il ne serait pas malaisé de retrouver chez le chirurgien les signes essentiels du caractère champenois. Quand il apparaît sous les traits du docteur Larivière, à la fin de Madame Bovary, le médecin philosophe « dédaigneux des croix, des titres et des académies »

  1. Souvenirs de Mme Caroline Commanville. — Voir aussi René Dumesnil, Flaubert, son hérédité, son milieu, sa méthode.