« Oh ! je l’aurai, s’écria-t-il en écrasant d’un coup de bâton » (voir p. 182).
Tel est le procédé de l’auteur. Il y met du sien le moins qu’il peut, ni imagination, ni émotion, ni morale. Pas une réflexion, nul commentaire ; une suprême indifférence entre le vice et la vertu. Ses héros sont ce qu’ils sont. C’est à prendre ou à laisser. Cela s’appelle une œuvre impersonnelle ; et cet excellent juge qui a le premier donné l’éveil à la critique sérieuse sur Madame Bovary dit que c’est là « une grande preuve de force ». Je crois que c’est le contraire. La force n’est pas ce qui vient de la machine ou du procédé. J’aime que l’âme de l’auteur se reflète dans son œuvre, que le peintre se réfléchisse dans sa peinture. C’est ce reflet qui est la vie, et ce qu’on appelle « l’art » n’est pas autre chose. C’est par là que Téniers, Van Ostade, Callot lui-même sont admirables. Il n’est pas nécessaire d’avoir peint la Descente de Croix ou la Transfiguration pour être un grand artiste ; une scène de cabaret y suffit, mais à une condition, c’est que l’œuvre ne sera pas la copie servile et plate, mais l’imitation ingénieuse et savante du modèle qu’on se propose.
… Ainsi, cette vérité même toute matérielle, à laquelle prétend surtout l’école de M. Flaubert, elle manque son but en le dépassant. Elle disparaît dans son excès même. La vérité morale, où est-elle ? Je sais que vous faites un roman et non un sermon ; que vous vous piquez de montrer au vrai la vie humaine, sans vous sou-