charrier paresseusement. Les porteurs suent, des gouttes de leur front tombent sur le coffre… Les blés sont verts, les poiriers sont tous en fleurs, les poules chantent dans les cours. Il fait beau. La récolte sera bonne… La fosse est prête. Ils attendent, appuyés sur leur louchets. La terre s’émiette des bords du trou et coule dans les coins. On arrive, on vous descend avec des cordes, les pelletées se précipitent, et c’est comme si rien n’avait été !…
Mais, malgré toi, du plus profond de toi-même quelque chose se révolte furieusement. Le cœur de l’homme est fait pour la vie. Il l’aspire de partout, du plus loin qu’il peut. Outre les souvenirs où il se reporte, les espérances où il se jette, les possessions où il s’ébat, n’a-t-il pas besoin d’autres mondes à perspectives plus reculées, pour courir plus avant et se mouvoir plus à l’aise ? L’artiste ainsi, des carrières de marbre fait sortir des hommes, d’autres sont occupés par les races disparues, ou rêvent le bonheur pour des foules à naître…
Eh ! qu’importe ? puisque les foules, les rêves, les espérances, les souvenirs, l’imaginaire et le réel, — tout s’engloutit dans le même trou !…