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V[1]


La Mort se rapproche de saint Antoine. Elle le considère en face, immobile, les bras pendants le long du corps et les poignets croisés. Baissant la tête sur les tendons de son cou, elle tord la bouche et sourit. Antoine tressaille.
LA MORT

Si tu as froid, tu n’auras plus froid. Si tu as faim, tu n’auras plus faim. Si tu es triste, tu ne seras plus triste !

Elle fait un pas, et reprend d’une voix douce :

Dis !… Veux-tu ?… Ce sera comme si tu dormais !… sans jamais te réveiller !

ANTOINE, répétant machinalement.

Jamais ?

  1. Pages 398 et suivantes du manuscrit de 1849.