Page:Flaubert - La Première Tentation de Saint Antoine, éd. Bertrand, 1908.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.
XII
préface

bien à l’avenir de ne pas dire ceci, cela, de prendre garde, etc., etc. Ah ! comme je suis embêté, cher ami !… Je ne vois rien, en fouillant mon malheureux cerveau, qui ne soit répréhensible. Ce que j’allais publier après mon roman, à savoir un livre qui m’a demandé plusieurs années de recherches et d’études arides, me ferait aller au bagne ! Et tous mes autres plans ont des inconvénients pareils. Comprenez-vous maintenant l’état facétieux où je me trouve[1] ?… »

Les termes de cette lettre sont assez explicites, il me semble. Le livre qu’il allait publier après son roman, ce livre qui lui avait coûté « plusieurs années de recherches et d’études arides », c’est, à n’en pas douter, le Saint Antoine qu’il avait recopié tout exprès, dont il était enchanté, au point de le préférer à Madame Bovary. Sans le hasard du procès, nous n’aurions pas d’autre version du Saint Antoine que celle-là, celle qu’il avait composée en 1849, puis revue et corrigée en 1806, — celle précisément que nous donnons au public.

Cependant Flaubert ne se résigna point tout à fait à « enterrer » la Tentation. Cette même année

  1. Correspondance, t. III, p. 77-78. — Dans une autre lettre à M. Schlesinger, il dit expressément : « J’avais un [volume] tout prêt à paraître. Mais la rigueur du temps me force à en ajourner indéfiniment la publication. » (Ibid., p. 82.)