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LA TENTATION DE SAINT ANTOINE
LAMPITO

Ah ! que les festins seront tristes ! Aucune, comme toi, ne savait, dans la bibasis dorienne, soulever à temps égaux son jupon rayé, ni danser la martypsa d’une façon plus merveilleuse ! Quand tu tournais autour des lits, la taille renversée, le bras droit étendu, en faisant, dans tes mains, sonner tes crotales noires, le vent de ton écharpe remuait les cheveux sur le front des convives, qui se penchaient entre les flambeaux, pour voir passer ta danse.

Le faux Antoine s’arrête.
LA COURTISANE

Qui donc soupire dehors, Lampito ?

LAMPITO

Personne, maîtresse !… Sans doute les tourterelles qui roucoulent sur la terrasse.

LE FAUX ANTOINE

Si j’entrais ?…

LAMPITO

TRu buvais du Mendès dans les coupes carchésiennes. Tu t’asseyais sur les genoux des grands, et chacun, te prenant par la taille, voulait que tu