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V
préface

arranger pour le théâtre la « Tentation de Saint Antoine », mais cela demanderait un autre gaillard que moi[1]. » Alors, il se rejette sur un projet de drame tiré de l’histoire corse et dont le héros eut été un certain Sanipier Ornano, qui vivait vers 1560. Aussitôt rentré à Croisset, en juin 1845, il prie un de ses camarades, Ernest Chevalier, substitut à Calvi, de lui envoyer des documents sur son personnage[2].

Puis, les deuils se succèdent dans sa famille. Il se lie vraisemblablement à cette époque avec Louise Colet. Des soucis, des préoccupations de toute sorte le détournent de ses projets littéraires. Il oublie Sampier Ornano, essaie, sans grand enthousiasme, d’améliorer l’ébauche de L’Éducation sentimentale et, finalement, revient à ce qu’il appellera plus tard sa « vieille toquade de Saint Antoine ».

Il y revint avec des alternatives de découragement et d’exaltation. La Tentation le fascinait et l’épouvantait tout ensemble, et ce fut ainsi jusqu’à la fin, jusqu’au jour où il mit le point final au bas de la dernière page du dernier manuscrit.

Dès le printemps de 1846, il se lance dans d’immenses lectures, sans but apparent, mais qui,

  1. Correspondance, t. I, p. 87.
  2. Ibid., t. I, p. 91.