cornu dont les yeux pleurent de froid ; les hippopodes aveugles cassent avec leurs pieds la plante d’outremer.
Viens ! c’est l’aurore, le coq a chanté, le cheval a henni, ma voile est prête.
Non ! le coq n’a point chanté ! J’entends le grillon dans les sables et je vois la lune qui reste en place.
Au-delà des montagnes, bien loin là-bas, nous allons cueillir la pomme des Hespérides et chercher dans les parfums la raison de l’amour. Nous humerons l’odeur du myrrhodion qui fait mourir les faibles. Nous nous baignerons dans le lac d’huile rose de l’île Junonia. Tu verras, dormant sur les primevères, le lézard géant qui se réveille tous les siècles, quand tombe à sa maturité l’escarboucle naturelle de ses yeux. Les étoiles palpitent comme des regards, les cascades chantent comme des harpes, des énivrements s’exhalent des fleurs écloses ; ton esprit s’élargira parmi les airs, et, dans ton cœur comme sur ta face…