l’étrangler ; il étouffait. Rentrés chez eux, il jeta son chapeau sur un meuble, arracha sa cravate.
— « Ah ! tu viens de faire quelque chose de propre, avoue-le ! »
Elle se campa fièrement devant lui.
— « Eh bien, après ? Où est le mal ? »
— « Comment ! Tu m’espionnes ? »
— « Est-ce ma faute ? Pourquoi vas-tu te divertir chez les femmes honnêtes ? »
— « N’importe ! Je ne veux pas que tu les insultes. »
— « En quoi l’ai-je insultée ? »
Il n’eut rien à répondre ; et, d’un accent plus haineux :
— « Mais, l’autre fois, au Champ-de-Mars… »
— « Ah ! tu nous ennuies avec tes anciennes ! »
— « Misérable ! »
Il leva le poing.
— « Ne me tue pas ! Je suis enceinte ! »
Frédéric se recula.
— « Tu mens ! »
— « Mais regarde-moi ! »
Elle prit un flambeau, et, montrant son visage :
— « T’y connais-tu ? »
De petites taches jaunes maculaient sa peau, qui était singulièrement bouffie. Frédéric ne nia pas l’évidence. Il alla ouvrir la fenêtre, fit quelques pas de long en large, puis s’affaissa dans un fauteuil.
Cet événement était une calamité, qui d’abord ajournait leur rupture, — et puis bouleversait tous ses projets. L’idée d’être père, d’ailleurs, lui paraissait grotesque, inadmissible. Mais pourquoi ? Si, au lieu de la Maréchale… ? Et sa rêverie devint tellement profonde, qu’il eut une sorte d’hallucination. Il voyait là, sur le tapis, devant la cheminée, une petite fille. Elle ressemblait à Mme Arnoux et à lui-même, un peu ; — brune et blanche, avec des yeux noirs, de très grands sour-