taquer Arnoux comme stellionnataire, faire des poursuites au domicile contre la femme.
— « Non ! non ! pas contre elle ! » s’écria Frédéric ; et, cédant aux questions de l’ancien clerc, il avoua la vérité.
Deslauriers fut convaincu qu’il ne la disait pas complètement, par délicatesse sans doute. Ce défaut de confiance le blessa.
Ils étaient, cependant, aussi liés qu’autrefois, et même ils avaient tant de plaisir à se trouver ensemble, que la présence de Dussardier les gênait. Sous prétexte de rendez-vous, ils arrivèrent à s’en débarrasser peu à peu. Il y a des hommes n’ayant pour mission parmi les autres que de servir d’intermédiaires ; on les franchit comme des ponts, et l’on va plus loin.
Frédéric ne cachait rien à son ancien ami. Il lui dit l’affaire des houilles, avec la proposition de M. Dambreuse. L’avocat devint rêveur.
— « C’est drôle ! il faudrait pour cette place quelqu’un d’assez fort en droit ! »
— « Mais tu pourras m’aider », reprit Frédéric.
— « Oui…, tiens…, parbleu ! certainement. »
Dans la même semaine, il lui montra une lettre de sa mère.
Mme Moreau s’accusait d’avoir mal jugé M. Roque, lequel avait donné de sa conduite des explications satisfaisantes. Puis elle parlait de sa fortune, et de la possibilité, pour plus tard, d’un mariage avec Louise.
— « Ce ne serait peut-être pas bête ! » dit Deslauriers.
Frédéric s’en rejeta loin ; le père Roque, d’ailleurs, était un vieux filou. Cela n’y faisait rien, selon l’avocat.
À la fin de juillet, une baisse inexplicable fit tomber les actions du Nord. Frédéric n’avait pas vendu les siennes ; il perdit d’un seul coup soixante mille francs. Ses revenus se trouvaient sensiblement diminués. Il