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Le Citoyen épilogua sur les mots, un coup n’étant pas un soufflet. Enfin, on décida qu’on s’en rapporterait à des militaires ; et les quatre témoins sortirent, pour aller consulter des officiers dans une caserne quelconque.

Ils s’arrêtèrent à celle du quai d’Orsay. M. de Comaing, ayant abordé deux capitaines, leur exposa la contestation.

Les capitaines n’y comprirent goutte, embrouillée qu’elle fut par les phrases incidentes du Citoyen. Bref, ils conseillèrent à ces messieurs d’écrire un procès-verbal ; après quoi, ils décideraient. Alors, on se transporta dans un café ; et même, pour faire les choses plus discrètement, on désigna Cisy par H et Frédéric par un K.

Puis on retourna à la caserne. Les officiers étaient sortis. Ils reparurent, et déclarèrent qu’évidemment le choix des armes appartenait à M. H. Tous s’en revinrent chez Cisy. Regimbart et Dussardier restèrent sur le trottoir.

Le Vicomte, en apprenant la solution, fut pris d’un si grand trouble, qu’il se la fit répéter plusieurs fois ; et, quand M. de Comaing en vint aux prétentions de Regimbart, il murmura « cependant », n’étant pas loin, en lui-même, d’y obtempérer. Puis il se laissa choir dans un fauteuil, et déclara qu’il ne se battrait pas.

— « Hein ? comment ? » dit le Baron.

Alors, Cisy s’abandonna à un flux labial désordonné.

Il voulait se battre au tromblon, à bout portant, avec un seul pistolet.

— « Ou bien on mettra de l’arsenic dans un verre, qui sera tiré au sort. Ça se fait quelquefois ; je l’ai lu ! »

Le Baron, peu endurant naturellement, le rudoya.

— « Ces messieurs attendent votre réponse. C’est indécent, à la fin ! Que prenez-vous ? voyons ! Est-ce l’épée ? »