Page:Flaubert - L’Éducation sentimentale éd. Conard.djvu/708

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mettre un plus long développement sur les années de collège de 14 à 18 ans ? Vous racontez plutôt une vie sentimentale.

Au total, la leçon est rude et bonne. Quantité de jeunes gens vivent ainsi, et finissent par se dire le mot de la fin : « C’était peut-être ce que nous avons eu de meilleur ! » Tout cela est de l’art objectif. N’écrirez-vous pas un jour votre conclusion à vous, votre croyance de fond, celle que vous avez justifiée par votre vie, en l’histoire d’une volonté infatigable et victorieuse ?

À vous de cœur.

H. Taine.




20 déc. 1869.

Je suis un solitaire et j’aime vos livres. Je vous remercie de me les envoyer. Ils sont profonds et puissants. Ceux qui peignent la vie actuelle ont un arrière-goût doux et amer. Votre dernier livre me charme et m’attriste. Je le relirai comme je relis, en ouvrant au hasard, çà et là. Il n’y a que les écrivains penseurs qui résistent à cette façon de lire, vous êtes de cette forte race. Vous avez la pénétration comme Balzac, et le style de plus.

Quand vous verrai-je ?

Je vous serre les mains.

Victor Hugo.