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rassemblés dans la matinée, au siège ordinaire de leur groupe, rue du Hasard, près de la rue de Richelieu. De là, escortés par Guinard, colonel de l’artillerie de la garde nationale, ils se rendent au Conservatoire des Arts et Métiers, au centre du quartier le plus populeux et le plus remuant : 300 artilleurs de la garde nationale, sur plus de 12,000, ont seuls répondu à leur appel. La population ne bouge pas.

« Ils rédigent une proclamation où ils déclarent la Montagne en permanence et appellent le peuple et l’armée à la défense de la Constitution violée.

« Les troupes arrivent de toutes parts et emportent rapidement quelques barricades hâtivement élevées autour du Conservatoire. Les artilleurs de la garde nationale et plusieurs insurgés tirent quelques coups de fusil et lâchent pied. Le Conservatoire est occupé, sans autre résistance, par une compagnie de la garde nationale, qui précède un détachement d’infanterie.

« Les représentants, réunis dans la salle des dessins, ne songent plus qu’à la fuite. Ils quittent rapidement leur écharpe, sautent dans le jardin et s’échappent par la grille qui donne sur la rue Vaucanson. Ils se confondent dans la foule d’artilleurs et d’ouvriers qui se sauvent par le même chemin.

« Ledru-Rollin et quelques-uns de ses amis, qui n’ont pas quitté leur costume, sont reconnus, arrêtés, alignés le long d’un mur, en face d’un peloton d’exécution. Un officier va donner le signal de l’exécution, quand un chef supérieur accourant à toute bride, fait relever les fusils. Les représentants parviennent à quitter le Conservatoire. Ledru-Rollin se cache pendant trois semaines et gagne l’Angleterre, d’où il ne reviendra qu’après la chute de l’Empire. » (Jules Trousset, Histoire d’un siècle, t. IX, p. 221 et 222.)

P. 522. Changarnier. — Changarnier (1793-1877) avait été remarqué pendant les guerres d’Algérie.

Rentré en France en 1848, il s’était mis spontanément à la tête des troupes qui avaient dispersé l’émeute du 16 avril. Le 4 juin 1848 il fut élu député de la Seine. Cavaignac lui confia le commandement de la garde nationale. Changarnier avait la réputation d’un homme énergique ; il devint bientôt l’espoir de la droite et fut considéré comme une sorte de Monck. L’écrasement de l’émeute du Conservatoire (13 juin 1849) augmenta encore sa réputation « d’homme à poigne ». Louis-Napoléon lui enleva son commandement aux approches du coup d’État (janvier 1851).

P. 528. Les pontons de Belle-Isle. — Un grand nombre d’émeutiers de juin étaient détenus à Belle-Isle.

P. 547. Refus d’allocation… au Président. — Le 10 février 1851,