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il attaquait violemment non seulement les jésuites, mais le catholicisme. Bientôt le Collège de France devint le théâtre de manifestations. En 1846 le Gouvernement retira à Quinet sa chaire de professeur.

P. 302. Mickiewicz. — Adam Mickiewicz (1798-1855) occupait la chaire des langues et littératures slaves au Collège de France. Grand écrivain, il joua aussi un grand rôle comme patriote polonais. Il fut en relations avec Gœthe, Montalembert, La Mennais, Cousin, Quinet, Michelet. Ses principaux ouvrages sont : Grazyna, Dziady, Conrad Wallenrod, le Livre des pèlerins polonais, etc. Ses cours au Collège de France provoquèrent une véritable émotion. Le gouvernement de Louis-Philippe les suspendit. En 1848, Mickiewicz fonda un journal : la Tribune des peuples. Au moment de la guerre de Crimée, il espéra un contrecoup favorable à la Pologne et alla dans ce but en Turquie. Il mourut à Constantinople le 26 novembre 1855. Il fut enterré d’abord en France, au cimetière polonais de Montmorency, puis à Cracovie, dans le caveau des rois de Pologne.

P. 311. Les affaires Drouillard et Bénier. — Drouillard était un banquier parisien qui fut condamné le 17 février 1847, par la cour d’assises de Maine-et-Loire, sous l’inculpation d’avoir employé une somme de 150,000 francs pour acheter des voix d’électeurs.

Bénier était directeur de la Manutention générale des vivres. Il avait été accusé de malversations par un chef de bureau nommé Tessier, mais l’affaire avait été étouffée. À la mort de Bénier (31 mai 1845) on découvrit dans sa caisse un déficit de 300,000 francs. Lanjuinais interpella le Gouvernement à ce sujet (5 juin 1846), et la Chambre des députés ordonna une enquête. Deux intendants militaires furent mis à la retraite.

P. 311. Godefroy Cavaignac. — Godefroy Cavaignac (1801-1845) était le fils du conventionnel et le frère du général. Il prit part à la Révolution de 1830, fut un des fondateurs de la société des Amis du peuple et de celle des Droits de l’Homme. Il fut plusieurs fois poursuivi et acquitté. Le 6 avril 1831, devant la cour d’assises de la Seine, Godefroy Cavaignac avait fait entendre la première profession de foi républicaine depuis l’avènement de Louis-Philippe. « Nous ne conspirons pas, dit-il, nous nous tenons prêts. » Il fut acquitté.

Condamné à la suite des journées d’avril 1834, il s’évada de Sainte-Pélagie et vécut à l’étranger jusqu’à l’amnistie. Il fut l’un des principaux rédacteurs de la Réforme.

Godefroy Cavaignac est une des plus nobles figures du parti républicain.