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Chateaubriand, barde de la Religion, de la Légitimité, de la Charte, altier et solennel à souhait dans ce rôle où, en un sens, il ne ment pas, est d’ailleurs le naturel le moins disciplinable, le plus débridé. Le clergé, la noblesse, les conservateurs, illustre clientèle étrangement accordée autour de lui avec la jeunesse romantique et les émeutiers de juillet, ne recherchent pas de trop près ce qu’il y a de piété dans sa religion, de subordination individuelle dans son royalisme, de foi en l’homme dans ses idées constitutionnelles. Ils font bien. Des grandes institutions et doctrines humaines, Chateaubriand aime le décor, la façade historique, autant dire le passé, la ruine. Comme gouvernantes réelles et actives de l’homme moral, il ne les entend même pas… » (Pierre Lasserre, Le Romantisme français, p. 138 et 139.)

P. 42. Troubles du mois de septembre. — Allusion aux troubles, provoqués par le recensement Humann, qui eurent lieu au mois de septembre 1841 dans plusieurs villes de France.

P. 55. Le National. — Le National avait été fondé, le 3 janvier 1830, par Thiers, Mignet et Carrel. Son rôle dans la Révolution de 1830 fut prépondérant. Au lendemain des journées de juillet, Thiers et Mignet quittèrent le National ; Armand Carrel en devint alors le rédacteur en chef. Il attaqua le ministère Casimir Périer et, à partir de 1832, devint franchement républicain. Après la mort d’Armand Carrel (1826), le National fut dirigé par Thomas, Trélat, Bastide, Armand Marrast et Duclerc. Jusqu’à la fin du règne de Louis-Philippe il resta un journal d’opposition, mais dans des limites plutôt indécises entre la gauche dynastique et le parti républicain.

P. 80. L’embastillement de Paris. — En 1833, le Gouvernement avait présenté à la Chambre des députés une demande de crédits pour fortifier Paris. La Chambre répondit par un refus à la suite d’une vigoureuse campagne de l’opposition. Le général Demarçay qualifia les forts de « Bastilles dirigées au moins pour moitié contre la population de Paris ».

P. 80. Les lois de septembre. — Les lois de septembre 1825 avaient été votées à la suite de l’attentat de Fieschi (28 juillet 1835). Elles avaient été présentées par M. de Broglie, président du Conseil.

La première, relative au jury, réduisait de huit à sept, sur douze, le nombre de voix nécessaires à la condamnation et décidait que le vote des jurés serait secret.

La seconde permettait au Ministre de la justice de créer autant de cours d’assises qu’il le croirait nécessaire pour juger les actes de rébellion.