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Pour la société des Familles, qui devint ensuite la société des Saisons, voir la note consacrée à cette société.

P. 41. À bas Pritchard ! — Flaubert commet une erreur en parlant de l’affaire Pritchard en 1841 ; elle n’est en réalité que de 1844. Rappelons en passant cette fameuse affaire, qui eut un retentissement immense. Le contre-amiral Dupetit-Thouars avait occupé en Océanie les îles Marquises, et la reine de Taïti, Pomaré, s’était placée sous le protectorat de la France. Un Anglais nommé Pritchard, à la fois consul, commerçant et missionnaire protestant, excita la reine Pomaré contre nous et souleva les indigènes, qui massacrèrent plusieurs de nos matelots. L’amiral fit arrêter Pritchard. Les Anglais demandèrent immédiatement une réparation ; l’opinion française se prononça énergiquement contre cette solution. En Angleterre, les sociétés bibliques poussaient le fanatisme protestant à une gallophobie enragée. En France, toutes les vieilles haines contre l’Angleterre se réveillèrent avec une intensité extraordinaire ; dans les théâtres on réclamait le fameux air : Jamais en France, jamais l’Anglais ne régnera. Le gouvernement de Guizot se refusa aux satisfactions réclamées par l’Angleterre, mais accorda une indemnité à Pritchard. Lorsque cette affaire fut portée à la tribune de la Chambre, le gouvernement n’obtint qu’une majorité de huit voix. L’attitude de Louis-Philippe et de Guizot froissa vivement l’opinion publique, et jusqu’en 1848 il fut souvent question, dans les attaques de l’opposition, de Pritchard et des Pritchardistes.

P. 41. Béranger. — Béranger (1780-1857) était républicain. En 1830 il s’était montré favorable à l’avènement de Louis-Philippe, mais ne considérait la Monarchie de Juillet que comme une transaction. « Je fais comme les Savoyards, avait-il dit ; quand il pleut, je jette une planche sur le ruisseau. » Pendant tout le règne de Louis-Philippe il se tint à l’écart des faveurs officielles et refusa même la Légion d’honneur, que le roi lui avait fait offrir.

P. 41. Laffitte. — Laffitte (1767-1844) siégea dans les rangs de l’opposition depuis sa sortie du Ministère (13 mars 1831) jusqu’à sa mort.

P. 42. Chateaubriand. — Chateaubriand était en coquetterie réglée avec le parti républicain sous la Monarchie de Juillet (comme il l’avait été avec le parti libéral sous la Restauration). Tout en manifestant une fidélité de grand apparat à la Légitimité, il prophétisait avec complaisance l’avènement de la Démocratie.

« Ce qui donne une saveur irritante à ce caractère, c’est que