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fance. « Tous les deux ans la famille entière se rendait à Nogent-sur-Seine, chez les parents Flaubert. C’était un vrai voyage qu’on faisait en chaise de poste, à petites journées, comme au bon vieux temps. Cela avait laissé d’amusants souvenirs à mon oncle…[1] »

Frédéric prend ses repas dans un restaurant de la rue de la Harpe[2]. « Je descends rue de la Harpe, écrivait Flaubert étudiant à sa sœur, et je vais dîner pour 30 sous[3]. »

Dans les débuts de l’existence de Frédéric à Paris on peut remarquer des particularités de l’existence de Flaubert. « À Paris il (Flaubert) habitait rue de l’Est un petit appartement de garçon où il se trouvait mal installé. Les plaisirs bruyants et faciles de ses camarades lui semblaient bêtes, il n’y participait guère. Alors il restait seul, s’enfermait, ouvrait un livre de droit qu’il rejetait aussitôt, s’étendait sur son lit, fumait et rêvait beaucoup. Il s’ennuyait démesurément et devenait sombre[4]. »

III

Il serait injuste de considérer l’Éducation comme une simple autobiographie. Le dessein de Flaubert a été visiblement de nous faire pénétrer dans la société française de la fin du règne de Louis-Philippe et la seconde République. Il a voulu surtout nous faire connaître les idées et les sentiments de la génération qui arrivait à l’âge d’homme entre 1840 et 1848.

Un des traits dominants de cette génération a été l’influence romantique. Quelle était au juste cette influence et à quelle époque surtout s’est-elle fait sentir ? « Le romantisme, à donner au mot sa signification la plus étendue, commence au point précis où l’imagination et la sensibilité, l’imagination surtout, usurpent le rôle qui devrait toujours être réservé normalement à l’intelligence et à la raison, et où l’on s’en remet à la faculté la plus capricieuse du soin de connaître de toutes choses et finalement de nous conduire. »[5]

M. Maigron nous donne à l’appui de sa thèse des documents qui s’étendent de 1832 à 1847[6], précisément la période de l’Éducation sentimentale. Et de quels témoins émanent ces docu-

  1. Caroline Commanville. Souvenirs sur Gustave Flaubert, p. 30.
  2. L’Éducation sentimentale, p. 34.
  3. Correspondance, Ire série.
  4. Caroline Commanville. Souvenirs sur Gustave Flaubert, p. 35.
  5. Louis Maigron. Le Romantisme et les mœurs, préface, p. iii.
  6. Idem, p. iii.