admiration pour les soldats, l’avait agacé toute l’après-midi ; et le vieil amour se réveilla.
Le maître d’hôtel vint annoncer que Madame était servie. D’un regard, elle ordonna au vicomte de prendre le bras de Cécile, dit tout bas à Martinon : « Misérable ! », et on passa dans la salle à manger.
Sous les feuilles vertes d’un ananas, au milieu de la nappe, une dorade s’allongeait, le museau tendu vers un quartier de chevreuil et touchant de sa queue un buisson d’écrevisses. Des figues, des cerises énormes, des poires et des raisins (primeurs de la culture parisienne) montaient en pyramides dans des corbeilles de vieux saxe ; une touffe de fleurs, par intervalles, se mêlait aux claires argenteries ; les stores de soie blanche, abaissés devant les fenêtres, emplissaient l’appartement d’une lumière douce ; il était rafraîchi par deux fontaines où il y avait des morceaux de glace ; et de grands domestiques en culotte courte servaient. Tout cela semblait meilleur après l’émotion des jours passés. On rentrait dans la jouissance des choses que l’on avait eu peur de perdre ; et Nonancourt exprima le sentiment général en disant :
— Ah ! espérons que MM. les républicains vont nous permettre de dîner !
— Malgré leur fraternité ! ajouta spirituellement le père Roque.
Ces deux honorables étaient à la droite et à la gauche de Mme Dambreuse, ayant devant elle son mari, entre Mme de Larsillois, flanquée du diplomate et la vieille duchesse, que Fumichon coudoyait. Puis venaient le peintre, le marchand de faïences, Mlle Louise, et grâce à Martinon, qui lui