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rances. Les héritages seraient abolis. On établirait un fond social pour les travailleurs. Bien d’autres mesures étaient bonnes dans l’avenir. Celles-là, pour le moment, suffisaient ; et, revenant aux élections :

— Il nous faut des citoyens purs, des hommes entièrement neufs ! Quelqu’un se présente-t-il ?

Frédéric se leva. Il y eut un bourdonnement d’approbation causé par ses amis. Mais Sénécal, prenant une figure à la Fouquier-Tinville, se mit à l’interroger sur ses nom, prénoms, antécédents, vie et mœurs.

Frédéric lui répondait sommairement et se mordait les lèvres. Sénécal demanda si quelqu’un voyait un empêchement à cette candidature.

— Non ! non !

Mais lui, il en voyait. Tous se penchèrent et tendirent les oreilles. Le citoyen postulant n’avait pas livré une certaine somme promise pour une fondation démocratique, un journal. De plus, le 22 février, bien que suffisamment averti, il avait manqué au rendez-vous, place du Panthéon.

— Je jure qu’il était aux Tuileries ! s’écria Dussardier.

— Pouvez-vous jurer l’avoir vu au Panthéon ?

Dussardier baissa la tête. Frédéric se taisait ; ses amis scandalisés le regardaient avec inquiétude.

— Au moins, reprit Sénécal, connaissez-vous un patriote qui nous réponde de vos principes ?

— Moi ! dit Dussardier.

— Oh ! cela ne suffit pas ! un autre !

Frédéric se tourna vers Pellerin. L’artiste lui