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Bouvard, comme lui, rencontrait des obstacles. Ils se consultaient mutuellement, ouvraient un livre, passaient à un autre, puis ne savaient que résoudre devant la divergence des opinions.

Ainsi pour la marne, Puvis la recommande ; le manuel Roret la combat.

Quant au plâtre, malgré l’exemple de Franklin, Riéfel et M. Rigaud n’en paraissent pas enthousiasmés.

Les jachères, selon Bouvard, étaient un préjugé gothique. Cependant Leclerc note les cas où elles sont presque indispensables. Gasparin cite un Lyonnais qui, pendant un demi-siècle, a cultivé des céréales sur le même champ : cela renverse la théorie des assolements. Tull exalte les labours au préjudice des engrais ; et voilà le major Beetson qui supprime les engrais avec les labours !

Pour se connaître aux signes des temps, ils étudièrent les nuages d’après la classification Luke-Howard. Ils contemplaient ceux qui s’allongent comme des crinières, ceux qui ressemblent à des îles, ceux qu’on prendrait pour des montagnes de neige, tâchant de distinguer les nimbus des cirrus, les stratus des cumulus ; les formes changeaient avant qu’ils eussent trouvé les noms.

Le baromètre les trompa, le thermomètre n’apprenait rien ; et ils recoururent à l’expédient imaginé sous Louis XV par un prêtre de Touraine. Une sangsue dans un bocal devait monter en cas de pluie, se tenir au fond par beau fixe, s’agiter aux menaces de la tempête. Mais l’atmosphère, presque toujours, contredit la sangsue. Ils en