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(Inédit.) Les deux bonshommes se lancent maintenant dans les théories philosophiques et religieuses : « Me voilà à la partie la plus rude ! (et qui peut être la plus haute) de mon infernal bouquin, c’est-à-dire la métaphysique ! Faire rire avec la théorie des idées innées ! Enfin, j’espère au commencement de septembre (1879) n’avoir plus que deux chapitres. Mais je suis encore loin de la terminaison totale. » (Lettre à Mme  Roger des Genettes, Correspondance, IV, p. 374.) Et comme poursuivi par un pressentiment, le 25 octobre 1879, il écrit à Maupassant : « Ma religion m’exténue !… J’ai peur d’être terminé moi-même avant la terminaison de mon roman. » Au mois de février suivant il adresse à l’éditeur Charpentier cette dernière requête : «… Si vous pouviez me découvrir quelque part et n’importe à quel prix De l’Éducation, par Spurzheim, vous seriez un vrai sauveur. Sans compter sa collaboration avec Gall dans le grand ouvrage intitulé De l’anatomie du cerveau, Spurzheim a fait un livre spécial intitulé De l’Éducation. C’est ça qu’il me faudrait. Que ne me faudrait-il pas ? J’attends même un couple de paons pour étudier le coït de ces beaux volatiles. » (Inédit.) Au mois de mars il commence le dernier chapitre du premier volume ; il mourut, sans l’avoir achevé, le 8 mai 1880.

Le second volume devait comprendre le dossier de la bêtise humaine dont fait partie le Dictionnaire des idées reçues que nous publions plus loin ; aussi Flaubert comptait l’établir en six mois, n’ayant probablement que des commentaires à ajouter : «… J’irai à Paris pour le second volume, qui ne me demandera pas plus de six mois ; il est fait aux trois quarts et ne sera presque composé que de citations. Après quoi, je reposerai ma pauvre cervelle qui n’en peut plus… »


DOCUMENTATION.


« Savez-vous à combien se montent les volumes qu’il m’a fallu absorber pour mes deux bonshommes ? à plus de 1, 500 ! Mon dossier de notes a huit pouces de hauteur, et tout cela ou rien c’est la même chose. Mais cette surabondance de documents m’a permis de n’être pas pédant ; de cela, j’en suis sûr. » (Lettre à Mme  Roger des Genettes, Correspondance, IV, p. 410.)

De ces 1.500 volumes Flaubert a plus ou moins extrait des notes ; son ami Laporte, travaillant pour lui dans les bibliothèques, lui en a beaucoup recueilli. « Il m’est venu à l’esprit des travaux pour vous, puisque vous m’en demandez. Mais les livres vous