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France. Veut un bras de fer pour être régie.

Érection. Ne se dit qu’en parlant des monuments, etc. (Voir Dictionnaire des idées reçues, page 420.)

« Je crois que l’ensemble serait formidable comme plomb. Il faudrait que, dans tout le cours du livre, il n’y eût pas un mot de mon cru, et qu’une fois qu’on l’aurait lu on n’osât plus parler de peur de dire naturellement une phrase qui s’y trouve.

« Quelques articles, du reste, pourraient prêter à des développements splendides, comme ceux de homme, femme, ami, politique, mœurs, magistrat ; on pourrait, d’ailleurs, en quelques lignes, faire des types et montrer non seulement ce qu’il faut dire, mais ce qu’il faut paraître. » (Lettre à Louise Colet, décembre 1852, voir Correspondance, II, p. 185.)

Le long roman à cadre large, c’est Bouvard et Pécuchet ; l’idée en apparaît ici pour la première fois, voisinant avec le projet du Dictionnaire des idées reçues, qui, lui, est antérieur à 1850. Ces deux œuvres, dans la pensée primitive de Flaubert, devaient faire l’objet de deux publications distinctes ; mais elles ont quelque chose de commun : l’esprit satirique, et peu à peu, pensant à l’un en préparant ses documents pour l’autre, l’auteur en vit l’esprit d’unité et, dans le plan du second volume, réunit le Dictionnaire des idées reçues à Bouvard. Il y est logiquement incorporé et fait d’ailleurs partie du dossier formidable de la bêtise humaine dont nous publions plus loin la nomenclature. Bouvard et Pécuchet, découragés par leurs déboires scientifiques, renoncent à toute action personnelle, copient scrupuleusement toutes les âneries qui, à leurs yeux, tiennent lieu de préceptes philosophiques. « Quand Bouvard et Pécuchet, dégoûtés de tout, se remettaient à copier, ils ouvraient naturellement les livres qu’ils avaient lus et, reprenant l’ordre naturel de leurs études, transcrivaient minutieusement des passages choisis par eux dans les ouvrages où ils avaient puisé. Alors commençait une effrayante série d’inepties, d’ignorances, de contradictions flagrantes et monstrueuses, d’erreurs énormes, d’affirmations honteuses, d’inconcevables défaillances des plus hauts esprits, des plus vastes intelligences. Quiconque a écrit sur un sujet quelconque a dit parfois une sottise. Cette sottise, Flaubert l’avait infailliblement trouvée et recueillie ; et, la rapprochant d’une autre, puis d’une autre, il en avait formé un faisceau formidable qui déconcerte toute croyance et toute affirmation. » (Guy de Maupassant, Bouvard et Pécuchet, Quantin, éditeur.) Malheureusement ce second volume ne fut pas développé, la mort surprit Flaubert à sa table de travail, penché sur ses documents.

C’est de 1872 à 1874, après avoir achevé la Tentation de saint Antoine, au milieu des chagrins et des soucis de la vie,