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mêmes témoins, que l’on avait crus déposant contre eux.

Et leur colère n’eut plus de bornes quand l’enregistrement les avertit d’avoir à payer l’amende. Bouvard attaqua l’enregistrement comme nuisible à la propriété.

— Vous vous trompez ! dit le percepteur.

— Allons donc ! elle endure le tiers de la charge publique !

Je voudrais des procédés d’impôts moins vexatoires, un cadastre meilleur, des changements au régime hypothécaire et qu’on supprimât la Banque de France, qui a le privilège de l’usure.

Girbal n’était pas de force, dégringola dans l’opinion et ne reparut plus.

Cependant Bouvard plaisait à l’aubergiste ; il attirait du monde, et en attendant les habitués, causait familièrement avec la bonne.

Il émit des idées drôles sur l’instruction primaire. On devrait, en sortant de l’école, pouvoir soigner les malades, comprendre les découvertes scientifiques, s’intéresser aux arts. Les exigences de son programme le fâchèrent avec Petit ; et il blessa le capitaine en prétendant que les soldats, au lieu de perdre leur temps à la manœuvre, feraient mieux de cultiver des légumes.

Quand vint la question du libre échange, il emmena Pécuchet ; et pendant tout l’hiver, il y eut dans le café des regards furieux, des attitudes méprisantes, des injures et des vociférations avec des coups de poing sur les tables qui faisaient sauter les canettes.

Langlois et les autres marchands défendaient le commerce national ; Oudot, filateur, et Mathieu,