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priât avec ferveur, les différentes parties de la messe lui semblèrent un peu longues.

Enfin, les petits garçons s’agenouillèrent sur la première marche de l’autel, formant avec leurs habits une bande noire, que surmontaient inégalement des chevelures blondes ou brunes. Les petites filles les remplacèrent, ayant, sous leurs couronnes, des voiles qui tombaient ; de loin, on aurait dit un alignement de nuées blanches au fond du chœur.

Puis ce fut le tour des grandes personnes.

La première du côté de l’évangile était Pécuchet, mais trop ému, sans doute, il oscillait la tête de droite et de gauche. Le curé eut peine à lui mettre l’hostie dans la bouche, et il la reçut en tournant les prunelles.

Bouvard, au contraire, ouvrit si largement les mâchoires, que sa langue lui pendait sur la lèvre comme un drapeau. En se relevant, il coudoya Mme Bordin. Leurs yeux se rencontrèrent. Elle souriait ; sans savoir pourquoi, il rougit.

Après Mme Bordin communièrent ensemble Mlle de Faverges, la comtesse, leur dame de compagnie, et un monsieur que l’on ne connaissait pas à Chavignolles.

Les deux derniers furent Placquevent et Petit, l’instituteur, quand, tout à coup, on vit paraître Gorju.

Il n’avait plus de barbiche ; et il regagna sa place, les bras en croix sur la poitrine, d’une manière fort édifiante.

Le curé harangua les petits garçons. Qu’ils aient soin plus tard de ne point faire comme Judas qui trahit son Dieu, et de conserver toujours leur robe