Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/195

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Butte, et le transporta jusqu’au « Pas de la Vaque », à l’entrée du bourg, endroit désigné.

Avant l’heure de la cérémonie, tous les trois attendaient le cortège.

Un tambour retentit, une croix d’argent se montra ; ensuite, parurent deux flambeaux que tenaient des chantres, et M. le curé avec l’étole, le surplis, la chape et la barrette. Quatre enfants de chœur l’escortaient, un cinquième portait le seau pour l’eau bénite, et le sacristain le suivait.

Il monta sur le rebord de la fosse où se dressait le peuplier, garni de bandelettes tricolores. On voyait, en face, le maire et ses deux adjoints, Beljambe et Marescot, puis les notables, M. de Faverges, Vaucorbeil, Coulon, le juge de paix, bonhomme à figure somnolente ; Heurtaux s’était coiffé d’un bonnet de police, et Alexandre Petit, le nouvel instituteur, avait mis sa redingote, une pauvre redingote verte, celle des dimanches. Les pompiers, que commandait Girbal, sabre au poing, formaient un seul rang ; de l’autre côté brillaient les plaques blanches de quelques vieux shakos du temps de Lafayette, cinq ou six, pas plus, la garde nationale étant tombée en désuétude à Chavignolles. Des paysans et leurs femmes, des ouvriers des fabriques voisines, des gamins se tassaient par derrière ; et Placquevent, le garde champêtre, haut de cinq pieds huit pouces, les contenait du regard, en se promenant les bras croisés.

L’allocution du curé fut comme celle des autres prêtres dans la même circonstance.

Après avoir tonné contre les rois, il glorifia la République. Ne dit-on pas la république des