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qu’autrefois on avait trouvé à Villers la mâchoire d’un éléphant.

Du reste, un de ses amis, M. Larsoneur, avocat, membre du barreau de Lisieux et archéologue, leur fournirait peut-être des renseignements ! Il avait fait une histoire de Port-en-Bessin, où était notée la découverte d’un crocodile.

Bouvard et Pécuchet échangèrent un coup d’œil ; le même espoir leur était venu ; et malgré la chaleur, ils restèrent debout pendant longtemps, à interroger l’ecclésiastique, qui s’abritait sous un parapluie de coton bleu. Il avait le bas du visage un peu lourd, avec le nez pointu, souriait continuellement, ou penchait la tête en fermant les paupières.

La cloche de l’église tinta l’angélus.

— Bien le bonsoir, messieurs ! Vous permettez, n’est-ce pas ?

Recommandés par lui, ils attendirent durant trois semaines la réponse de Larsoneur. Enfin elle arriva.

L’homme de Villers qui avait déterré la dent de mastodonte s’appelait Louis Bloche ; les détails manquaient. Quant à son histoire, elle occupait un des volumes de l’Académie Lexovienne, et il ne prêtait point son exemplaire, dans la peur de dépareiller sa collection. Pour ce qui était de l’alligator, on l’avait découvert au mois de novembre 1825, sous la falaise des Hachettes, à Sainte-Honorine, près de Port-en-Bessin, arrondissement de Bayeux.

Suivaient des compliments.

L’obscurité enveloppant le mastodonte irrita le désir de Pécuchet. Il aurait voulu se rendre tout de suite à Villers.