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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Il est maintenant 9 heures. Monsieur est levé depuis 7 heures ⅓. Monsieur ne dort plus. Je voudrais samedi prochain être arrivé au bord de l’avant-dernière scène. Or, je n’ai pas une minute à perdre. Ce soir, pourtant, dîner chez Pennetier.

Guy m’a envoyé mon renseignement botanique : j’avais raison ! Enfoncé M. Baudry ! Je tiens mon renseignement du professeur de botanique du Jardin des Plantes ; et j’avais raison parce que l’esthétique est le Vrai, et qu’à un certain degré intellectuel (quand on a de la méthode) on ne se trompe pas. La réalité ne se plie point à l’idéal, mais le confirme. Il m’a fallu, pour Bouvard et Pécuchet, trois voyages en des régions diverses avant de trouver leur cadre, le milieu idoine à l’action. Ah ! ah ! je triomphe ! Ça, c’est un succès ! et qui me flatte…

Avant de procéder (sous-entendu à ma toilette), je vais prévenir Charpentier que la semaine prochaine je lui demanderai des comptes, et par la même occasion, lui adresser quelques paroles bien senties sur sa jolie revue. Bergerat aura son paquet chez moi, devant une nombreuse.

Adieu, pauvre chat ; j’attends une lettre de toi au milieu de la semaine, puis je t’enverrai un mot pour te dire mon arrivée. Je n’ai plus de recommandations à faire pour le désencombrement du logis, je crois ?

As-tu vuidé le bas de la bibliothèque ?

Je te baise à pincettes.

Vieux.