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CORRESPONDANCE

1988. À SA NIÈCE CAROLINE.
[Croisset], mercredi [28 avril 1880].

Je suis encore tout ahuri de la Saint-Polycarpe ! Les Lapierre se sont surpassés !!! J’ai reçu près de 30 lettres, envoyées de différentes parties du monde ! et trois télégrammes pendant le dîner. L’archevêque de Rouen, des cardinaux italiens, des vidangeurs, la corporation des frotteurs d’appartements, un marchand d’objets de sainteté, etc., m’ont adressé leurs hommages.

Comme cadeaux, on m’a donné une paire de chaussettes de soie, un foulard, trois bouquets, une couronne, un portrait (espagnol) de saint Polycarpe, une dent (relique du saint), et il va venir une caisse de fleurs de Nice !

Un orchestre commandé a fait faux bond.

Épîtres de Raoul-Duval et de ses deux filles. Vers du jeune Brainne.

Toutes les lettres (y compris celle de Mme Régnier) avaient comme en-tête la figure de mon patron.

J’oubliais un menu composé de plats tous intitulés d’après mes œuvres.

Véritablement, j’ai été touché de tout le mal qu’on avait pris pour me divertir.

Je soupçonne mon disciple d’avoir fortement coopéré à ces farces aimables.

Je suis bien content que tu admires Boule de Suif, un vrai chef-d’œuvre, ni plus ni moins, et qui vous reste dans la tête.

N. B. — Procure-toi le numéro du Gil Blas