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DE GUSTAVE FLAUBERT.

sorti une fois, sans monter le petit escalier de votre maison. Après tout, je comprends que Paris vous attriste et vous assomme. Il arrive à me produire souvent cet effet. Je me complais dans mon nid de plus en plus, et tout dérangement m’est odieux.

Eh bien ! « notre sauveur » et les ministres restent en place ! Cet entêtement est sublime, mais il faut s’attendre à tout de la part des imbéciles, et je ne suis pas aussi rassuré sur l’avenir que les bons républicains. Néanmoins je regrette, au point de vue du comique, qu’on n’ait point poursuivi le père Hugo, pour son dernier bouquin[1] que, moi, je trouve superbe. Quelle narration ! et quel gaillard que ce bonhomme !

L’œuvre de Pouyer-Quertier (dit l’Hercule de Martainville) m’a bien diverti. Espérons que ledit Rouennais est notre dernier Sauveur, qu’après lui on ne verra plus de Messie, enfin qu’il ne nous reste aucune espérance ! Alors l’ère scientifique commencera. Mais nous en sommes loin, puisqu’on n’est pas sorti des incarnations, des représentations, des symboles et de la métaphysique la plus creuse !

Vous savez que j’attends avidement les obscénités de Pinard. Faites en sorte, au nom des dieux, que j’aie cette manne.

Avez-vous lu les Étapes d’une conversion de ce bon Féval, qui m’a l’air de devenir gâteux ? Payez-vous cela. Et il se présente à l’Académie ! Il voit en rêve les portes de l’Institut s’ouvrir, aspirant à la gloire de siéger entre Camille Dou-

  1. Le Pape, 1 vol.