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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Sur nos bords « l’astre du jour » s’est rarement montré. Présentement il fait même un froid de chien.

La politique devient de plus en plus abrutissante. Généralement on est exaspéré par l’Ordre moral. Les anciens modérés sont les plus violents. Le Bayard des temps modernes, cet homme illustre par les piles qu’il a reçues, est « l’objet de la réprobation universelle » ; à Laigle (Orne), où j’étais avant-hier, on a couvert de m… les affiches de ses candidats. Tout cela est drôle, mais embêtant. Car les élections ne décideront rien, j’en ai peur. Le plus comique, c’est que les bonapartistes gueulent comme des ânes contre Mac-Mahon. C’est l’histoire de Robert-Macaire et du baron de Wormspire : chacun veut f… l’autre dedans.

En fait de grotesque, j’ai vu quelque chose de réussi, c’est la Grande-Trappe. Cela m’a semblé tellement beau que je la collerai dans un papier.

Tourgueneff est occupé par le mariage de Mlle Viardot.

Goncourt (dont j’ai des nouvelles par la Princesse Mathilde) est absorbé par son amour des japonaiseries et prépare son édition de Marie-Antoinette. Charpentier m’a promis d’en faire une, de luxe, de Saint Julien pour le jour de l’an. Aucune révélation de Daudet ; j’ai lu quelques feuilletons de son Nabab qui m’ont plu, mais j’attends pour en parler que je connaisse l’ensemble. Le jeune de Maupassant a passé un mois aux eaux de Louèche et a souillé l’Helvétie par ses obscénités.

J’en ai découvert beaucoup d’inscrites et de gravées dans les départements de l’Orne et du