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CORRESPONDANCE

1710. À ÉMILE ZOLA.
Croisset près Rouen. Vendredi 5 octobre [1877].
Mon cher Ami,

Votre bonne lettre du 17 septembre m’a attendu ici quelques jours, puis m’a été renvoyée à Caen. Je n’ai pas eu une minute pour y répondre, tant je me trimbalais avec activité par les chemins et grèves de la Basse-Normandie. Me voilà revenu depuis hier au soir. Il s’agit maintenant de se mettre à la pioche, chose embêtante et difficile. J’ai vu dans cette petite excursion tout ce que j’avais à voir, et n’ai plus de prétexte pour ne pas écrire. Mon chapitre sur les sciences sera terminé dans un mois, et j’espère être bien avancé dans le suivant (celui de l’archéologie et de l’histoire) quand je partirai pour Paris. Ce sera, je pense, vers le jour de l’an.

Ce sacré bouquin me fait vivre dans le tremblement. Il n’aura de signification que par son ensemble. Aucun morceau, rien de brillant, et toujours la même situation, dont il faut varier les aspects. J’ai peur que ce ne soit embêtant à crever. Il me faut une rude patience, je vous en réponds, car je ne peux en être quitte avant trois ans ! Mais dans cinq ou six mois le plus difficile sera fait.

J’ai su, par Charpentier, les résultats de votre goinfrerie, mon bon, et j’en ai envié la cause. Êtes-vous heureux d’avoir passé un été au soleil[1] !

  1. Émile Zola était à L’Estaque.