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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Mon bon compagnon m’a quitté avant-hier, devant être à Rouen aujourd’hui, à 1 heure, pour coopérer, comme conseiller général, à la confection des listes de prix. Son absence lui aurait coûté 500 francs d’amende.

Donc je suis seul, pour la fin de mon voyage a⦚⦚tique. Hier j’ai revu avec ravissement (le mot n’est pas trop fort), Domfront et ses environs. Aujourd’hui je vais me promener en voiture aux alentours de Falaise. C’est là le pays de Bouvard et Pécuchet. Demain sera sans doute consacré à la même occupation. Puis j’irai à Séez, à Laigle et à la Trappe. Je t’assure que je ne perds pas mon temps ! Monsieur est toujours levé drès 7 heures et se trimbale toute la journée en prenant des notes. J’ai vu des choses qui me serviront beaucoup. Bref, ça va bien, j’ai bonne maine (= mine) et un appétit qui effrayait Valère ! Mon seul accident a été le bris de mon lorgnon.

J’ai vu Fanny qui m’a reçu avec une émotion de joie manifeste. Monsieur et Madame nous ont même invités à dîner. Elle a poussé des cris et des soupirs et n’en revenait pas d’étonnement ! À plus tard les détails.

J’avais l’intention d’aller à Rabodanges, mais c’est trop loin, et ce serait une journée de perdue.

Sans doute je serai revenu au bon vieux Croisset et près de la chère nièce, mercredi ou jeudi. Il m’est difficile de rien préciser, mais tu seras avertie. Monsieur, en rentrant, aura besoin de prendre ung bain.

Bonne pioche picturale, mon pauvre chat. Bonne santé et bonne humeur. Il me tarde de te revoir.

Ton vieillard de Cro-Magnon.