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CORRESPONDANCE

de remercier Popelin pour son Polyphile. Mais je vais tous les bâcler ; puis je n’en ouvre plus un seul. Sans compter qu’il faut répondre à ces messieurs. Voilà aujourd’hui quatre heures employées à cette besogne ! Je suis trop bonasse.

Boule de Suif, le conte de mon disciple, dont j’ai lu ce matin les épreuves, est un chef-d’œuvre ; je maintiens le mot, un chef-d’œuvre de composition, de comique et d’observation, et je me demande pourquoi il a choqué Mme Brainne. J’en ai le vertige. Serait-elle bête ?

Jolie conduite ! tu te trimbales dans « les coulisses ». La mère Heuzey devait jubiler ! se figurer qu’elle était actrice !!! Cette anecdote confirme ma théorie : les femmes sont plus braves que les hommes. Moi, je n’oserais jamais faire ce que vous avez fait, de peur d’être mis à la porte ! et on m’y mettrait ! Mais les dames ! Ah ! bien, oui ! Quel toupet ! et pas de migraine le lendemain ; c’est beau ! En résumé, mon pauvre chat, tu as eu raison.

Et à l’impudence tu ajoutes le vol ! (vol de mon papier). Enfin tu prends le genre de Paris. Je t’approuve. Dans les âges préhistoriques, on n’était pas sévère pour la morale et, en fait de divorce, je crois que « la plus dégoûtante promiscuité, etc. »… J’ai envie d’écrire les Mémoires du Vieillard de Cro-Magnon.

Je suis content que tu ailles souvent chez le père Cloquet, que j’aime et respecte beaucoup pour lui-même, et à cause du passé. Gertrude m’a écrit pour me faire ses adieux et dans sa lettre il y avait un billet de Dolly. Admirable ! Elle me dit qu’elle m’a connu bien