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CORRESPONDANCE

1934. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, nuit de vendredi 2 heures [23-24 janvier 1880].
Ma pauvre Fille,

Par une lettre que ton mari a reçue tantôt, je sais que tu vas bien, et que ton retour s’est effectué solitairement. Ne manque pas de fortement plaisanter Lapierre, qui a préféré à ta compagnie celle des notables de Rouen, comme si tout Rouen t’allait à la cheville ! ce qui est cependant te placer très bas. De mon côté, je t’assure que je lui ferai une scie qui l’embêtera. Explication : c’est qu’il avait quelque intérêt pécuniaire à être avec ces messieurs.

Ernest et moi, nous faisons très bon ménage. Voilà deux soirs que nous jacassons jusqu’à près de 11 heures du soir ! Hier, il m’a beaucoup parlé de son affaire. Sa persistance est vraiment touchante. Il finira par réussir à force d’entêtement ! Ne prends aucune mesure avant quelque temps, il a besoin maintenant de toutes ses facultés !

Je pioche le plan de mon chapitre X et dernier, lequel se développe dans des proportions effrayantes. L’« Éducation » n’est pas un petit sujet !!! Et il se pourrait bien, par conséquent, que je ne sois pas prêt à quitter Croisset avant la fin d’avril ou le milieu de mai. Mais je ne veux pas me demander quand j’aurai fini.

J’avais gardé de l’Éducation des filles de Fénelon un bon souvenir, mais je change d’avis : c’est d’un bourgeois à faire vomir ! Je relis tout l’Émile de