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CORRESPONDANCE

1924. À MADAME X***[1].
[Croisset, décembre 1879].
Madame,

Voici une heure que j’ai reçu votre lettre et j’y réponds immédiatement pour vous calmer, car votre inquiétude m’inquiète. Comment ! une émeute est imminente et la Champagne va devenir prussienne ? Ah non, ça, c’est trop ! En quoi notre temps est-il « étrange » ? Je ne comprends rien à tout cela ! Nous sommes, au contraire, dans le calme, la platitude. Avez-vous peur de Blanqui ? de Humbert ? L’élection de Javel vous terrifie-t-elle ? Ce serait trop naïf !

Quant à mes bonshommes, c’est parce qu’on les assomme avec Ségur et ses pareils qu’ils tournent à l’indifférence, et ce procédé-là est « tout à fait digne de moi » — bien que vous en disiez, ma chère amie.

Depuis trois mois je ne lis que des livres de dévotion moderne. Aujourd’hui, j’ai expédié le Manuel des jeunes communiants où il y en a des raides. « Avez-vous commis des actes déshonnêtes avec des animaux, etc… », page 376 ! Ce qui est peut-être un souvenir de ce passage de la Mischna : « Il n’est pas bon à l’homme prudent de rester seul avec un animal, surtout si c’est un quadrupède ! »

  1. Destinataire inconnue.