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CORRESPONDANCE

Il y a huit jours, j’ai eu la visite de Mme Pasca. Elle se proposait d’aller à Saint-Gratien vous présenter ses respects. Ce à quoi je l’ai fortement engagée. Elle m’a paru en meilleur état physique et moral. La pauvre femme est dans une situation fâcheuse. Mais pour qui donc la vie est-elle bonne ?

Je viens d’écrire à Renan pour le remercier de son dernier volume[1]. Comme je suis en ces matières un peu plus qu’un amateur, je peux en parler sciemment. Ce livre est un chef-d’œuvre d’érudition et d’ingéniosité. Je n’en dirai pas autant des Rois en exil. Vous ne lisez pas Nana, je suppose ; donc je me tais.

Hier j’ai adressé une lettre au prince Napoléon pour lui demander un renseignement qui m’importe beaucoup. Est-il à Paris ?

Vous me paraissiez inquiète de ce bon général Chauchart. J’aime à croire qu’il va mieux. On ne peut que vous approuver, Princesse, « d’avoir confiance ». Pourquoi se troubler ? s’agiter ? Qu’y pouvons-nous ? Les récriminations qu’on fait contre son époque avec l’éternel « comment ça finira-t-il ? » proviennent de l’ignorance historique. L’Humanité, en somme, n’a jamais été moins malheureuse qu’à présent. De quoi se plaindre ? Vous avez bien fait d’acheter votre hôtel. Restez-y et soignez-vous ; conservez-vous pour tous ceux qui vous aiment, c’est-à-dire qui vous connaissent.

En vous baisant les mains, Princesse,

Je suis votre très affectionné.


  1. L’Église chrétienne.