Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 8.djvu/315

Cette page a été validée par deux contributeurs.
309
DE GUSTAVE FLAUBERT.

Ma vie est plate et triste. Du côté des affaires, il a pourtant du mieux.

Votre ami est fatigue d’écrire. Mais vous qui ne tirez pas de telles charrettes, envoyez-moi un peu de votre écriture ; vous serez bien gentille.

La Vie Moderne va, dans quelques jours, publier un vieil ours de moi.

Je vous baise bien tendrement les deux mains.

Votre vieux fidèle.


1896. À MADAME ROGER DES GENETTES.
[Croisset, première quinzaine d’octobre 1979.]

Vous me parlez de l’Éducation sentimentale et votre lettre, tantôt, m’a surpris en train de corriger les épreuves d’icelle (une édition de Charpentier qui doit paraître dans une quinzaine).

Pourquoi ce livre-là n’a-t-il pas eu le succès que j’en attendais ? Robin en a peut-être découvert la raison. C’est trop vrai et, esthétiquement parlant, il y manque : la fausseté de la perspective. À force d’avoir bien combiné le plan, le plan disparaît. Toute œuvre d’art doit avoir un point, un sommet, faire la pyramide, ou bien la lumière doit frapper sur un point de la boule. Or rien de tout cela dans la vie. Mais l’Art n’est pas la Nature ! N’importe ! je crois que personne n’a poussé la probité plus loin. Quant à la conclusion, je vous avoue que j’ai gardé sur le cœur toutes les bêtises qu’elle a fait dire.

Autre guitare. La Vie Moderne, appartenant à