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DE GUSTAVE FLAUBERT.

sentimentale. J’ai reçu une lettre de Bergerat, avec des explications qui te concernent. Il est enchanté du dessin, mais voudrait plus d’encadrement. Je te montrerai sa missive.

Putzel te cherche partout, et je tâche de la consoler en la prenant dans mon cabinet.

J’ai reçu une lettre de Laporte, tout à l’heure. Il est à Couronne depuis vendredi soir, et compte me voir au dîner du Préfet. Le ton est amical, comme par le passé[1].

Ne me voyant pas, il viendra cette semaine, j’en suis sûr. Cette attente est pour moi une véritable angoisse : aura-t-il reçu, d’ici là, la lettre de *** ? Que lui dire ? Je suis perplexe et navré. Quand donc serai-je tranquille ? Quand me f…ra-t-on la paix, définitivement ?

Cette histoire de Laporte m’emplit d’une telle amertume et gâte ma vie tellement que je n’ai pas eu la force de me réjouir d’un événement heureux qui m’arrive : Jules Ferry (l’homme de l’article) m’a écrit, hier, qu’il m’accordait une pension annuelle de 3 000 francs, à partir du 1er juil-

  1. Une note de Mme Commanville dans les éditions antérieures des Lettres à sa nièce Caroline est ainsi conçue : « Des difficultés étaient survenues entre M. Laporte et mon mari à propos d’affaires. Ce fut le commencement du refroidissement qui eut lieu entre mon oncle et lui, et qui finit par une rupture complète. » La vérité est qu’il n’y eut jamais de « difficultés » d’aucune sorte entre Edmond Laporte, fidèle ami de Flaubert jusqu’à sa mort, et celui-ci, mais seulement ce que M. Lucien Descaves, très au courant des faits, a justement appelé « d’ingrates manigances ». On a vu plus haut les services rendus par Laporte à Flaubert, ou pour mieux dire à son neveu Commanville et à sa nièce, au moment de la catastrophe financière de Commanville. Le « refroidissement » de l’amitié de Laporte fut un des derniers chagrins de la vie de Flaubert. (René Descharmes.)