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DE GUSTAVE FLAUBERT.

que peut-être nous arriverons à Paris en même temps l’un que l’autre.

J’en ai bientôt fini avec mes lectures sur le magnétisme, la philosophie et la religion. Quel tas de bêtises ! Ouf ! Et quel aplomb ! Quel toupet ! Ce qui m’indigne ce sont ceux qui ont le bon Dieu dans leur poche et qui vous expliquent l’incompréhensible par l’absurde. Quel orgueil que celui d’un dogme quelconque !

Pourquoi haïssez-vous le Père Hyacinthe ? Notez qu’il est méprisé de tout le monde, des libres penseurs comme des croyants, ce qui me le rend sympathique. Il a pris la voie la plus franche et la plus naïve. Où est le mal ? Mais il sort du cadre ; de là, scandale. Il a été original dans sa conduite et plus chrétien (chrétien primitif) qu’on ne dit. D’ailleurs l’importance qu’on attache à l’accouplement sexuel me semble bien drôle !

J’ai lu dernièrement deux livres qu’on m’a envoyés, les Sœurs Vatard, de Huysmans, un élève de Zola, que je trouve abominable ; et le Chat maigre, d’Anatole France, charmant !

Je vous baise les deux mains longuement.


1823. À X***[1].
[Croisset, début de mars, 1879, après le 11.]
(Fragment.)

[…] Je ne veux pas d’une aumône pareille, que je ne mérite pas d’ailleurs. Ceux qui m’ont

  1. Ce très court fragment a été publié dans les Souvenirs littéraires de Maxime Du Camp, II, 395, sous la date : 1er mars 1879. Destinataire inconnu.