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DE GUSTAVE FLAUBERT.

1821. À SA NIÈCE CAROLINE.
Mardi matin, 11 heures [11 mars 1879].

Ce n’est pas drôle, pauvre chérie ! Mais ce pouvait être pire, et j’aime mieux ça ! C’est fini, nous savons à quoi nous en tenir.

Nous voilà au fond de l’abîme ! Est-ce le fond ? Il s’agit d’en sortir maintenant, c’est-à-dire de pouvoir subsister. Quels sont « les projets qui seront sages et auxquels tu espères que j’accéderai ? » Je me perds dans le vide et rêvasse anxieusement. J’en ai fait de mon côté qui me semblent bien impraticables (comme de donner des leçons ! etc., etc.).

Il y a une économie que nous pouvons réaliser, c’est que je n’habite plus du tout Paris. Le sacrifice en est fait dans mon cœur. Ce ne serait pas tous les jours gai ; mais au moins, ici, je serais tranquille. Oh ! la tranquillité ! le repos ! le repos absolu !

Sans doute, Laporte m’avait parlé de F***, mais j’avais mal compris, n’ayant pas toujours la tête à moi maintenant. Tu me dis que « les nôtres en valent bien d’autres ». Je me suis même convaincu que la mienne valait beaucoup, mais on n’emploie pas un rasoir à fendre du bois, ni un cheval de course à charrier des moellons. Les machines délicates se détériorent plus facilement que les grossières. Je me sens ébréché et fourbu. N’importe ! C’est un soulagement de savoir que Flavie ne perdra rien. Quant à Raoul-Duval et Laporte,