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CORRESPONDANCE

Mon silence à votre endroit n’avait pas d’autre cause que cette pioche forcenée, mais combien j’ai pensé à vous ! Il me semble que vous êtes très souffrante et plus triste que jamais. Pour me prouver le contraire, il faut m’écrire une lettre démesurée ; un des jours de la semaine prochaine, j’irai voir Mme de Valazé.

Pourquoi vous obstinez-vous à ne pas venir à Paris ? Croyez-en un vieux docteur en maladies morales : vous avez tort. Vous vous complaisez dans votre chagrin et dans votre solitude. Mauvais ! Mauvais ! Et puis (car l’égoïsme est au fond de tout) je crève d’envie de vous lire Un Cœur simple et Hérodias ; l’aveu est fait !

Que vous dirai-je bien ? Quand je me serai un peu reposé, je reprendrai mes deux bonhommes auxquels j’ai beaucoup songé cet hiver, et que j’entrevois maintenant d’une façon plus vivante et moins artificielle. Il m’est venu aussi l’idée de deux livres que je compte faire, si Dieu me prête vie.

En fait d’inepties : succès de l’Hetman[1] ! Quels vers !

Le père Hugo, dans huit jours, va faire paraître deux volumes de la Légende des Siècles. Ce vieux burgrave est plus jeune et plus charmant que jamais. Je le vois très souvent.

Avez-vous lu, dans la Revue des Deux Mondes, la « Prière à Minerve » de Renan ? Personne n’admire cela autant que moi.


  1. L’Hetman. Drame en cinq actes, en vers, de Paul Déroulède.