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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Inutile de se plaindre ! mais il est encore plus inutile de vivre ! Quel avenir ai-je maintenant ? À qui même parler ? Je vis tout seul comme un méchant, et ce n’est pas près de finir, car il faudra bien que j’aille à Paris pendant deux mois cette année, si je veux finir Bouvard et Pécuchet, et alors vous reviendrez ici, de sorte que je serai peut-être jusqu’au milieu de mai sans voir ma pauvre fille. Quant à vivre tous les trois dans le petit logement de Paris, cela est matériellement impossible (n’y ayant pas même de chambre pour la cuisinière). Au moins ici rien ne m’agace, et là-bas il n’en serait pas de même.

C’est ton anniversaire, ma pauvre Caro ! Tu es née au milieu des larmes, ça t’a porté malheur ! Allons, adieu, je m’attendris trop, mais je suis bien las de faire des efforts, de me tendre, de vouloir, et pourquoi ? À quoi ça sert-il ? À qui cela fait-il du bien ?

Je t’embrasse tendrement.

Vieux.


1793. À GUY DE MAUPASSANT.
Croisset, 22 janvier 1879.

Vive votre ministère ! Personne n’est plus content que moi de sa consolidation. Comme la malechance me poursuit depuis longtemps, je m’attendais au contraire à la chute. Vous voilà donc rassuré sur votre sort ! Tant mieux ! Quant à moi, ma vie n’est pas drôle, mon cher ami. Quoi qu’il advienne, vous me verrez pendant deux mois à