cun bruit du dehors ne me parvient, et pour oublier mes misères je travaille avec acharnement. Aussi ai-je fait trois chapitres depuis quatre mois, ce qui, vu ma lenteur habituelle, est prodigieux.
Ma nièce vous présente ses respects ; il est probable que vous la verrez avant moi.
Je vous baise les deux mains et suis
Votre vieux fidèle et très affectionné.
[…] Si je suivais mon penchant je vous écrirais tous les jours ! La fatigue physique m’en empêche. Voilà mon excuse. Oui, tous les jours et plusieurs fois par jour je songe à vous, par égoïsme, complaisance pour moi-même, retour vers le passé.
Il me semble que vous devez souffrir par ce temps abominable. Nous n’habitons pas le pays qui nous convient. Nous ne sommes pas de ce siècle, ni peut-être de ce monde.
Le père Didon m’a envoyé son livre[1]. Je lui ai répondu par quatre pages d’écriture serrée. On a beau dire, et on aura beau faire, l’abîme est infranchissable. Les deux pôles ne se toucheront jamais, la sottise est de croire qu’un des deux doit disparaître. […]
- ↑ La Science sans Dieu.