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CORRESPONDANCE

pitre. En voilà trois d’expédiés depuis six mois. Encore trois à faire ! Donc j’entrevois la fin.

Il était dit qu’aujourd’hui serait un bon jour : 1o votre lettre et 2o un peu d’argent sur lequel je ne comptais plus. Les choses ne sont jamais ni aussi mauvaises ni aussi bonnes qu’on croit.

Je compte revenir à Paris vers la fin de janvier. Dites-moi comment vous vous trouverez là-bas.

Ex imo

Votre vieux.


1777. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Vendredi [décembre 1878].

Rien n’est plus aimable que votre lettre, ma chère Princesse ; elle m’a été au cœur. Je vois que vous ne m’oubliez pas, chose dont j’étais sûr, du reste. Moi aussi, de mon côté, je songe bien souvent à vous et je vous vois dans votre maison, entourée de vos amis. Si je n’y suis pas, ce n’est point la volonté qui me manque, soyez-en convaincue. Je ne veux pas vous souiller l’esprit par le détail de mes misères. Mais sachez, en un mot, que je suis malheureux, ma chère Princesse. Voilà tout, et il faut que j’aie une belle santé pour vivre encore après toutes les coupes d’amertume que l’on m’a fait boire et que je continue à boire. Dieu le voulait, apparemment. Soumettons-nous.

C’est pour oublier tout cela que je travaille le plus possible, tâchant de me griser avec l’encre