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CORRESPONDANCE

hier trois pages ! et aujourd’hui une ! J’espère au jour de l’an n’en avoir plus que sept à écrire de mon satané chapitre ! Je me demande si personne a jamais travaillé et vécu comme moi. Je trouve que je tourne au phénomène. Ma seule distraction consiste, tous les soirs, après mon dîner, à causer du vieux temps avec Julie. Aujourd’hui elle m’a parlé de Marmontel et de la Nouvelle Héloïse, chose que ne pourraient faire beaucoup de dames, ni même beaucoup de messieurs. Elle voudrait savoir si tu as vu sa nièce.

Quant à ton voyage, pauvre fille, ne te gêne pas. Je hais l’oppression, et les anniversaires sont une bêtise.

N’ayant point encore de calendrier, j’ignore l’époque ; cependant, si les jours gras sont trop loin, le temps va me paraître bien long avant d’embrasser la nièce ! Et puis, vers le milieu de février, j’ai envie de donner un festival aux amis de Paris (il a été raté l’année dernière) et je leur dois bien ça, car je dîne chez eux, souvent, sans leur rendre jamais la politesse.

(As-tu lu l’article splendide de Zola, paru il y a eu mardi huit jours ? Tâche de te le procurer. Et que dis-tu de Mme Roger qui me l’a copié et envoyé aujourd’hui même ?)

Conclusion : viens quand tu voudras. Je ne crois pas commencer ma saison à Paris avant la fin de mars. Encore trois mois et demi.

Pour ce qui est de la peinture, malgré l’avis de Bonnat, fais le portrait du P. Didon (si tu t’en sens les forces, bien entendu) et travaille autre chose que les têtes. Il ne s’agit pas de réussir, mais de se perfectionner. Quel soulagement