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DE GUSTAVE FLAUBERT.

J’ai eu dans l’après-midi une violente crise d’amertume, en songeant à mon isolement ! J’étais fait pour goûter toutes les tendresses ; j’en suis trop sevré souvent.

Mlle Julie s’est beaucoup inquiétée de votre voyage (elle avait cru que vous aviez manqué le chemin de fer, parce que l’élagueur avait dit vous avoir rencontrés sur la place de la Madeleine, à 9 heures du matin). Puis elle s’inquiète de ton installation : « C’te pauvre Caroline ! Faut espérer que ça s’arrangera ! Car enfin !… Sapristi ! »

Le tout coupé par des soupirs qui durent chacun dix minutes.

Pour réparer tes violences, j’ai ce matin rajusté ma sonnette et, comme je manquais de fil de fer, j’ai sacrifié un des ringards !

Je continue à faire bon ménage avec une femme d’idem.

Et ton petit Bonnehôm

t’embrasse.

1773. À GUSTAVE TOUDOUZE.
Croisset, près Rouen, 29 novembre 1878.
Mon cher Ami,

Votre lettre m’a attendri. Elle me prouve que vous pensez à moi, ce dont je ne doutais pas d’ailleurs. Il est bien de se souvenir des « vieux dans l’ombre » comme dirait le père Hugo.

Je vous envie, puisque vous êtes heureux. Soignez bien votre bonheur. Aimez votre femme et