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CORRESPONDANCE

1639. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, dimanche, 2 heures, 21 janvier 1877.

Je suis en train d’appendre aux murs les portraits de tes aïeux (Voir Hernani, acte III, scène vi, et j’ai pour m’aider le fils Senard[1], comme page espagnol !…

À propos de portraits, j’ai envie de mettre la miniature de mon grand-père Fleuriot au coin de ma cheminée, sous la petite photographie représentant ton profil napoléonien que j’aime tant, mon cher loulou ! Je me fie à tes connaissances picturales pour savoir si on peut la réparer, et si ce serait cher. Tes relations artistiques te permettent de faire cela, à bon compte.

Je me suis promené deux heures à Canteleu avant-hier. Il faisait tellement beau qu’à un moment j’ai défait ma douillette d’ecclésiastique, je suis resté en gilet, adossé contre les barreaux de défunt « Lhuintre fils aîné ». Tout à l’heure j’ai marché une grande heure dans le jardin et dans les cours, en contemplant la diversité des feuillages et en humant le brouillard avec délices.

Monsieur est entré ce matin dans son lit à 5 heures, n’était pas endormi à 6 et fut réveillé à 9 par cette fin de phrase « … un sultan des bords de l’Euphrate, des marins d’Éziongaber[2] ! »

[…] Maintenant, ma chère fille, d’ici à mon départ je ne t’écrirai que de courts billets. J’en

  1. Menuisier de Croisset.
  2. Voir Hérodias (III).