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CORRESPONDANCE

de l’esprit. Sans le caractère, les œuvres d’art, quoi qu’on fasse, seront toujours médiocres ; l’honnêteté est la première condition de l’esthétique.

Quant à Henri Martin, c’est un pur idiot. J’ai lu de lui, cet hiver, des scènes historiques sur la Fronde, genre Vitet, qui sont d’un joli tonneau. Qu’on soit la lune d’un soleil, très bien ; mais l’être d’un lampion comme Vitet, c’est se mettre plus bas que les chandelles à 36.

Ah ! pauvre littérature, où sont tes desservants ? Qui aime l’Art, aujourd’hui ? Personne. (Voilà ma conviction intime.) Les plus habiles ne songent qu’à eux, qu’à leur succès, qu’à leurs éditions, qu’à leurs réclames ! Si vous saviez combien je suis écœuré souvent par mes confrères ! Je parle des meilleurs.

Allons, adieu. Écrivez-moi de longues lettres si vous pouvez. Vous ferez bien plaisir à votre ami.


1742. À GEORGES CHARPENTIER.
Croisset, mercredi 24 [juillet 1878].
Mon cher Ami,

La note ci-incluse vous démontre que votre auteur travaille comme XV bœufs. J’aurais besoin immédiatement des susdites brochures et livres.

Envoyez-les-moi par le chemin de fer à Croisset, ou par la poste en plusieurs paquets, ou : à Rouen, quai du Havre, 7, à M. Pilon, pour remettre à M. G. Flaubert.