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DE GUSTAVE FLAUBERT.

connu jadis à Constantinople), son livre sur les écritures me semble celui d’un farceur. Avez-vous remarqué qu’il trouve ma signature « en coup de sabre » pareille à celle de Collot d’Herbois et de Fouquier-Tinville ? Peut-on dire des bêtises de cette force ? Et si c’est là une science, merci !

Banville m’a, ce matin, envoyé une nouvelle édition de ses Odes funambulesques. Les notes m’ont re-amusé. Notre jeunesse à nous autres, vieux romantiques, s’y retrouve un peu. À propos de romantiques, vous savez que j’admire absolument le discours du père Hugo au centenaire de Voltaire. C’est un des grands morceaux d’éloquence qui existent, tout bonnement. Quel homme !

Vous ai-je dit qu’il me fait une scie relativement à l’Académie française ? (lui et quelques autres, le bonhomme Sacy, entre autres). Mais votre ami n’est pas si bête ni si modeste. Partager le même honneur que MM. Camille Doucet, Camille Rousset, Mézières, Champagny et Caro, ah ! Non ! Mille grâces, « Rohan ie suys ». Tel est le fond de mon caractère.

Taine est un gobe-mouches qui devient un peu ridicule. On a eu tort de le refuser, mais il a eu tort de se présenter sous « l’égide de la réaction ». Quant à son livre, ce n’est pas ça. Si l’Assemblée constituante n’eût été qu’un ramassis de brutes et de canailles, elle eût vécu ce qu’a vécu la commune de 70. Il ne dit pas de mensonges, mais il ne dit pas toute la vérité, ce qui est une façon de mentir. La peur violente qu’il a eue de perdre ses rentes lors de « nos désastres » lui a un peu oblitéré le sens critique. Il ne suffit pas d’avoir