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CORRESPONDANCE

Et demain je retourne à Rouen (!!!) pour déjeuner chez Houzeau, avec R. Duval et les Lapierre. Le susdit Houzeau m’a envoyé tantôt par un commissionnaire un billet, où il me supplie de lui octroyer cette faveur. J’ai accepté pour ne pas faire la bête, pour n’avoir pas l’air d’un poseur (concession qui produit beaucoup de sottises) et j’en suis vexé. Ça me dérange ; une journée perdue ! quand je n’ai pas une minute à perdre !

Si tu ne t’arrangeais pas avec Guilbert, mon vieux Foulongne (élève de Glaize et qui dessine très bien) pourrait te donner des avis, mais je crois Guilbert plus intelligent. Comme je suis content, ma chère fille, de voir ton amour pour « l’Art » ! Plus tu avanceras dans la vie, plus tu verras qu’il n’y a que ça ! Continue avec patience et ardeur. Dès le lendemain de mon arrivée, à ma première sortie, j’irai chez Bonnat ; compte dessus. L’Art avant tout, même avant les dames !

Oui, j’ai été content du renfoncement de Bayard. Est-il possible de caler d’une façon plus lourde ? Quel message ! C’est un chef-d’œuvre d’arrogance pour ceux qui l’ont dicté.

[…] Le jeune *** emplit la ville du bruit de ses débauches. Il porte « le déshonneur dans les maisons », mais interdit Rabelais ; c’est bien.

Oh ! misérables ! Où trouver une latrine assez vaste pour vous enfouir tous !

Bardoux est « au Pinacle[1] », je lui ai envoyé un mot de félicitations. Avez-vous pensé à lui expédier vos cartes de visite ? ou même, toi, un

  1. Il venait d’être nommé ministre de l’instruction publique et des beaux-arts, dans le cabinet Dufaure, constitué le 14 décembre.